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Retour en images sur le Congrès bisannuel du GIT : les Journées d’Etudes et de Formation qui se sont tenues du 08 au 10 juin à Nantes.

Santé au travail et crise sanitaire

La première Journée d’Etudes et de Formation du GIT a été lancée à travers les discours inauguraux de Nadine RAUCH, Tiphanie GOETZ et Monique SAUDRAIS, rappelant la raison d’être de ce congrès dédié aux IDEST.

Comme l’a rappelé Patrick CHAMBOREDON, Président de l’Ordre National des Infirmiers en séance inaugurale : « En assurant la prise en charge de 17 millions de salariés annuellement, les infirmiers de santé au travail sont essentiels. »

De belles rencontres et des interventions riches de sens se sont enchaînés, avec Corinne PIRON du Ministère du Travail sur la réglementation en santé au travail et Stéphane MALARD de l’INRS sur un sujet ô combien capital : “Reprotoxics et grossesse : prévention à tous les stades de la reproduction pour les hommes et les femmes” avec des infos clés sur les règles juridiques protectrices de la maternité, les anomalies de développement, les risques professionnels pour les femmes enceintes, les nuisances professionnelles ou encore les perturbateurs endocriniens.

En début d’après-midi, nous sommes entrés dans le vif du sujet avec ce thème qui nous tient à coeur : “Crise sanitaire : l’Infirmier de Santé au Travail au coeur du dispositif de prévention”.

Germain DECROIX, juriste de la GROUPE MACSF, a présenté des protocoles, bonnes pratiques et informations auprès des patients (comme le secret professionnel et le secret partagé) que les infirmiers de santé au travail doivent aborder dans leurs missions en services autonome, inter-entreprise ou entreprise.

“La France a la règlementation la plus exigeante sur le secret professionnel […] qui s’impose à tout infirmier [ …]. Elle est d’autant plus importante en santé au travail car l’infirmier de .santé au travail est en relation et concertation avec de nombreux acteurs de l’entreprise : employé, employeur, équipe pluri, RH, etc”. (Germain DECROIX)

Nicolas DEBONNE est ensuite montée sur scène pour nous partager le récit captivant de son expérience en tant qu’infirmier de Santé au Travail pendant la pandémie et ses vagues de confinement successives dans une grande entreprise Française de plus de 800 salariés.
“A mon sens, une grande force pour les IST, est de travailler en local, de ne pas travailler seuls”. “Pour se renforcer et reprendre confiance dans son métier, rien de mieux que de recevoir des retours positifs malgré des événements catastrophiques !”.

Cette première journée s’est clôturée sur deux grandes interventions, de la part de Doriane PELLE, infirmière de santé au travail à la MSA Loire-Atlantique – Vendée qui nous a offert un témoignage complet sur la gestion du télétravail en temps de pandémie avec de recommandations pour “les prochains épisodes”.

Anne HARRISS, Professeur à London South Bank University nous a ensuite fait l’honneur d’une visio-conférence pour nous transmettre une vision plus européenne de la gestion de la pandémie. Après une chronologie rappelant les décisions du gouvernement anglais pour gérer la crise du Covid19, comme la création de “bulles familiales” pour éviter l’isolement et rapprocher parents et enfants, elle nous a expliqué les règles sanitaires mises en place au sein du Royaume-Uni.

Handicap et maintien dans l’emploi

La thématique de la deuxième journée des JEF était le “Handicap et Maintien dans l’emploi”.

Jean-Laurent PHELIPPON, Référent insertion professionnelle la Maison départementale des personnes en situation de handicap de Loire-Atlantique nous a présenté le dispositif RQTH. Frédéric VERNON, Chargé d’étude et de développement Agefiph Pays de la Loire nous a présenté les principes d’intervention de l’Agefiph avec un focus sur les notions de compensation du handicap et de sécurisation des parcours.
Laurence AMIOT, Manager et Référente CAP EMPLOI 44 nous a présenté les missions, dispositifs et aides de maintien dans l’emploi proposés par cet organisme de placements spécialisés (OPS) : comment ils fonctionnent, analysent les capacités de l’employeur à mettre en place un dispositif de maintien dans l’emploi, recourent aux avis médicaux et aux études du poste pour trouver des solutions, en collaboration avec des services de santé au travail, des ergonomes ainsi que des experts spécialisés dans chaque déficience par handicap dédié à trouver des moyens de compensation.

“Le maintien dans l’emploi répond à des besoins d’actions santé au travail, aide humaine, aide technique, aide aux déplacements”.

Quelles solutions de maintien ? Elles sont nombreuses et d’ordres variés : matériel (ex : transpalettes électriques, sièges ergonomiques, logiciels vocaux, etc.) et fonctionnel (réorganisation de tâches, mise en place d’un temps partiel, etc.). Il existe aussi des solutions humaines. Par exemple, la mise en place d’un tutorat renforcé pour accompagner une personne souffrant d’un handicap cognitif ayant besoin de se faire répéter plusieurs fois des consignes.

Aurore DESCHAMPS, IST, coordinatrice du maintien dans l’emploi, au CEDEST, a clôturé cette deuxième matinée à travers une superbe intervention sur le rôle, les missions, les dispositifs et pratiques de l’infirmière en maintien dans l’emploi.

Au cours de l’après-midi, Loïc LEROUGE, chercheur au CNRS et porteur de la chaire internationale d’études comparées de la santé au travail à l’Université de Bordeaux nous a présenté une “Approche holistique de la santé au travail pour la promotion du travail décent”. Une plongée dans les réglementations française et européenne en matière de politique de santé au travail pour mieux comprendre, à travers une vision plus globale, comment elle est mise en œuvre sur le plan national. La santé au travail est un objectif à atteindre. Elle concerne tous les pans du travail et pèse sur l’économie et l’innovation dans les entreprises. Par la coopération, les travailleurs parviennent à consolider leur santé mentale pour l’épanouissement de soi.. Quelle valeur place-t-on dans le travail et quel mode de vie en retire-t-on ? Telle est l’interrogation sur laquelle Loïc LEROUGE a clôturé son discours.

Des ateliers se sont tenus en parallèle, animés par Virginie LE COGUIC, Valérie PENNETIER DE JESUS, Laure THARIN ALPONHONSOUT, Lucienne CLAUSTRES, sur le positionnement des IST, la gestion de projet en santé au travail, le handicap et  le maintien dans l’emploi.

Enfin, Nadine RAUCH et Véronique BACLE sont intervenues sur les pratiques élargies et pratiques avancées IPA pour les IST.

Dans l’équipe pluri-disciplinaire, l’IST a un rôle très important et ne doit pas se cantonner à un rôle d’exécutant. Il peut donner son avis, analyser, critiquer, décider, s’opposer et être force de proposition.”

Quel programme IPA pour un IDEST ? Quelles conséquences pour sa carrière ? Quelles compétences requises pour un raisonnement clinique ? Autant de questions auxquelles elles ont répondues.

Qui prend soin de la santé des infirmiers ?

Cette dernière journée s’est concentrée sur un thème très particulier qui est cher au GIT : “Qui prend soin de la santé des infirmiers de santé au travail ?”

Sur scène, Sylvie ODE a ouvert la journée par une introduction, accompagnée par Carine BOUCHER, psychologue du travail et Murielle LOOTAN, infirmière de santé au travail.

Germain DECROIX nous a présenté les aspects positifs des différentes réformes pour protéger la santé des soignants avec un point concret sur la réglementation.

Avec un parcours professionnel très complet, depuis sa formation en santé militaire, son expérience en tant qu’infirmier en service psychiatrique jusqu’à son rôle d’IST au sein du Groupe Bigard, David BLAISE est revenu sur son évolution dans l’entreprise, passant du titre et des missions de l’IST à ceux d’animateur en Prévention Santé et Sécurité au Travail : “vous n’êtes pas une petite main mais des experts en santé au travail, et ce n’est pas rien. Il faut prendre la place qui vous revient dans l’entreprise et vous faire confiance”.

L’entreprise est un monde qui bouge. Aujourd’hui, je n’exerce plus comme IST mais comme animateur Prévention Santé et Sécurité au Travail, suite au départ du responsable QHSE. Jonglant au début avec les deux postes, les deux rôles étaient convergents tout en étant très différents, avec des conditions bien distinctes, comme la soumission au secret professionnel. Je ne pouvais pas tout faire et j’ai fait le choix de conserver une seule casquette, en participant au recrutement d’un nouvel IST pour me remplacer et pour désormais pratiquer la santé au travail avec une vision plus holistique du métier.”

Au cours de cette matinée, un débat pertinent a été nourri par les participants sur les déclinaisons des différentes postures en lien avec la spécificité de la profession. Murielle Lootan nous a rappelé les qualités liées au métier d’infirmier de santé au travail : “celles d’être discret et d’être neutre, celles d’être intègre (dans le respect du code de déontologie) et d’être emphatique sans vivre les souffrances des salariés, celles d’être loyal et d’être en capacité de poser le cadre avant de travailler dans l’entreprise”.

“Il faut savoir dire non tout en étant en capacité d’énoncer son cadre d’exercice et le cadre légal dans lequel on le pratique pour pouvoir se justifier et se positionner”.

“Formez-vous, battez-vous, et soyez solidaire entre vous pour pouvoir y arriver”. 

Fabienne LOHEAC, psychologue du travail et chef de projet en organisation a clôturé cette matinée en mettant l’accent sur la reconnaissance et toutes les formes qu’elle peut prendre auprès des professionnels de santé.

En début d’après-midi, le 1er prix de concours de posters en santé au travail a été remis à deux lauréates : Gaëlle HENRY et Marie SCHMITT

Un grand merci à tous les participants, exposants, Isabelle PADRITGE pour cette superbe régie et à la substantifique moelle du Comité Scientifique Tiphanie GOETZ, Béatrice JUILLARD, Sylvie ODE pour ce travail de synthèse !

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